Serbia voit le jour se lever.
quatre corps encore endormis, épuisés du voyage semblent endoloris par le froid.
un sommeil crispé par le gel
ce même gel qui a réussi à s' infiltrer jusque dans nos pieds.
le réveil est brusque.
trois agents aux allures communistes interpellent l' une d' entre nous,
agressées par cette voix que nous ne comprenons pas.
le regard froid, l' allure tendue, nous devinons la répression.
rideaux oranges défraichis,
le wagon froid,
on ne nous attend pas.
rejetés dehors, le paysage est un désert glacé et hostile.
leur droit de passage est élevé et ne cesse d' augmenter en fonction des agents à qui l' on s' adresse.
une corruption légitime mais nous n' avons pas les moyens de suivre.
" combien avez vous sur vous? "
l' un d' entre eux parvient à me demander en roumain tandis que le reste se concerte.
pas de négociation possible.
on rit derrière nous.
nos bagages vite pliés, pas de temps à perdre.
une hésitation pourtant ...
continuer l' aventure, au détriment de notre quatrième voyageuse.
je vois ce noeud qui se contracte au milieu de son estomac.
ses yeux témoignent de son agitation,
sa gorge sèche, prête à suffoquer.
dans l' angoisse d' un retour inconnu, d 'une solitude qu' elle ne saura pas gérer, ses yeux deviennent vitreux.
je n' hésite plus,
attrape mon sac
embrasse le front de Santa, la serre dans mes bras
" take care of you "
" i' m sorry "...
je ne veux pas qu' elle lui en veuille.
j ' espère qu 'elle comprendra.
pourtant je sais qu 'elle lui en voudra.
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