mercredi 12 novembre 2008

Thomas Fugeirol




" J' abandonne le tableau deux ou trois ans, j' y reviens, je le recouvre d' une autre couche... Toutes ces couches, c' est du temps accumulé, et qui travaille pour le tableau. C 'est comme une peau. La peau travaile, change de grain, de tension, de couleur, elle est poreuse, elle prend le temps, la couleur, la lumière, c' est comme ça que le tableau avance ".

C' est donc la notion de temps sur laquelle Fougeirol insiste. Il attend puis rajoute successivement des choses, un peu à la manière de Rembrandt ou Chardin qui rajoutent jusqu' à ce que ça se mette à vibrer.
Son travail d' accumulation, il le pose avec beaucoup d' énergie, sur de très grandes toiles à même le sol.
Il parle d' " anti élégance" dans sa peinture, d' un traitement qui laisse place à la maladresse, au tatônnement, au ressassement du geste et de la matière.

Tout ce qui est pendu l' attire.
Tout ce qui tombe, de la chute de l' oiseau proviennent les cages elles- même suspendues, les tentes aux toits qui pendent, les cabanes aux planches qui surplombent un sol brouillé, les robes qui tombent en plis.

" Le vêtement et la peinture ont suivi des voies parallèles" dit Georges Bataille.
Ces robes pendues, agrandies, immenses marquent une présence de peinture inquiétante parce que gonflées et fantômatiques sur leur fond monochrome un peu brouillé.


" Ce qui est important dans la peinture de Fougeirol
c' est qu' elle revient couper le territoire
après le déluge comme le sol
éponge de peau et de matière
pleine réalité de sens
et d' imagination du réel

corps de l' oiseau coque du lit
cabane qui bée dans ses planches
cage qui pend robe déserte
la figure n' est pas absente

jamais ne gagne le vide à Fougeirol
dans les espaces où tu vas
peignant le sombre le poreux comme Goya
en fin de vie la beauté de l 'espagnol "

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